"C'est froid c'est froid c'est froid c'est froid" répète mon frère.
"C'est scientifiquement prouvé que lorsque l'on rescent une douleur, l'exprimer réduit la sensation", ajoute-t-il.
"Oui enfin on peut scientifiquement prouver tout ce qu'on veut, c'est pas pour autant qu'il faut le gober et s'en servir comme mode de vie hein..."
- Bah non , on peut pas prouver que t'es intelligente par exemple.
J'applaudis la prestation et rajoute un "bravo" sarcastique.
" Et je peux pas non plus scientifiquement prouver que t'es prévisible mais j'aurais pu la deviner cette réaction par exemple".
Il s'en va, fier de son orgueil masculin. Il m'a prouvé que j'étais idiote et prévisible, faible et stupide. Il va pousser des cris érotiques dans sa chambre (il fait de la musculation, a cet instant, il s'amuse avec des altères. Il se sent viril).
"Non mais franchement c'est quoi ces gamineries, des concours de vannes? c'est débile, puéril.
- T'es franchement intolérante toi! me rétorque ma mère."
Là, je suis abbasourdie. Comment une ancienne professeur de français, qui est sensée admirer des auteurs tels que Sartre, Camus, Hugo, Montaigne, et tout le blabla peut me reprocher de ne pas tolérer la stupidité? Comment peut-elle inciter son fils à devenir encore plus stupide? En me montrant que j'ai tort, que je suis méchante et intolérante, que c'est inadmissible de ne pas être en admiration devant celui qui va entrer à science-po pour y faire d'autre échanges toujours plus appréciable... elle l'encourage à continuer dans sa médiocrité.
Comment font ces gens qui lisent des choses, s'enrichissent, et pourtant, n'en tiennent pas compte, et se disent que "c'est la vie, c'est ainsi, tant pis si nous sommes médiocres et méprisables"? A quoi celà peut-il bien leur servir?
La tolérance serait-elle devenue une vertue si importante qu'il faille même tolérer la stupidité?
Une prof' est pas [censée] aimer ces auteurs là, chacun fait son chemin en littérature...
RépondreSupprimerMais sinon j'te soutiens :p
Tu le côtoies tous les jours donc c'est à toi de savoir s'il représente le côté médiocre et méprisable de l'humanité ou pas - car à la lecture de cet extrait, on ne le ressent pas (des vannes qui ne valent rien, ne me dis pas que tu n'en a jamais fait), l'on lit juste ton ressentiment contre (i) la tolérance qui se brade (ii) sa bêtise, sa fierté masculine et tout le toutim (iii) le désoeuvrement..
RépondreSupprimerCa m'inspire, j'ai plein de choses à dire sur le sujet.
Tout d'abord, je cite "c'est la vie, c'est ainsi, tant pis si nous sommes médiocres et méprisables" - tu fais donc le lien entre perte d'espoir pour l'humanité et tolérance envers tout, et à mon avis ce lien n'est pas à faire ; notre culte sacro-saint de la tolérance vient surtout du fait que cela "passe bien" d'être jeune, dynamique, plein d'espoir pour soi et pour le monde, pour un monde d'entente réciproque basé sur le respect et la tolérance. Je suis convaincu comme toi, que tout ne se vaut pas, et qu'ainsi leur monde contient de tout et de n'importe quoi sauf du respect (un mot dont les plus dépourvus ont constamment aux lèvres).
Les raisonnements "c'est scientifiquement prouvé que..." m'agacent également - le plus souvent, rien n'est scientifiquement prouvé et tout se résume à un article dans Elle ou dans Psychologies Magazine, mais il a justement été scientifiquement prouvé (arf) par des ethnologues que l'homme est un animal social qui, pour faire valoir sa bonne place dans le groupe, se doit de montrer qu'il détient des informations stratégiques (comprendre: être au courant des cancans et fiable - commère mais pas trop). Ceci étant dit, on ne peut pas prouver que tu es intelligente, mais on peut prouver qu'il soit prévisible.
Tu parles de gens qui lisent, apprennent, s'enrichissent.
Faut-il tolérer la stupidité? Il faut voir ce que "stupidité" signifie réellement pour toi - je dis ce poncif car je m'aperçois que si une vanne suffit à entrer dans cette case, on n'est pas sorti de l'auberge. Mais certes, beaucoup de gens sont stupides. Beaucoup le sont suffisamment qu'ils arrivent à ne pas vouloir être autre chose (par fierté, par défaut, par stupidité... le serpent se mord la queue). Et d'autre part, il est bien plus facile de se changer soi que de changer l'autre, sans parler du fait qu'autrui réagit toujours mal lorsque l'on lui signifie que l'on voudrait qu'il change. En ce sens, on est bien obligé de tolérer les stupides ; cela ne doit pas empêcher de haïr la stupidité et de vouloir s'élever. Toi aussi :
J'ai lu cet article de blog en entier, j'ai donc fait preuve de tolérance, car il est truffé de fautes (juste retour de pièce : "ressent", "abassourdie", "appréciables", "cela", "vertu", etc..)